Anouna
la parfumeuse aurait pu vivre une vie tranquille d'embaumeuse
auprès de sa maîtresse. Pourtant, envoyée
en mission en compagnie d'une caravane transportant des chats
à destination des dieux, elle est capturée avec
ses camarades de route par un groupe de bandits farouches. Ces
derniers les emmènent alors au fin fond du désert,
et elles sont destinées au harem d'un pharaon déchu,
caché dans les ruines d'une ville fantôme. Anouna
se retrouve encerclée, dans un univers battu par le vent
et les tempêtes de sable, perclu de chaleur. Elle est enfermée
près du harem, à la merci du maître, à
moitié fou, paranoïaque, dans un univers en huit-clos
où les courtisages se jouent des tours plus lugubres les
uns que les autres.
Elle apprend rapidement qu'elle n'est pas destinée au harem,
mais que les bandits ont attaqué cette caravane pour elle,
pour ses talents de parfumeuse. Le premier ministre du pharaon
veut qu'elle démasque d'éventuels traîtres
et qu'elle protège indirectement son maître. Anouna
se retrouve alors dans une position plus qu'inconfortable.
L'énigme de ce roman réussit à nous
tenir en haleine jusqu'aux dernières pages et c'est avec
délectation que le lecteur découvre les dernières
lignes. Pourtant le titre est trompeur. En effet, on pourrait
s'attendre à une histoire situé dans l'univers déjà
bien connu et tellement romancé de l'Egypte ancienne, au
milieu des pyramydes et des pharaons. Pourtant, le récit
se déroule d'une autre manière. Une des seules égyptiennes
est la héroïne, et il est possible de sentir la proximité
du pays. Mais en réalité, le pharaon est un roitelet
déchu, à moitié fou et on ne voit de l'Egypte
que le désert et le sable.
L'imagination débordante des personnages du roman rend
l'atmosphère lourde, presque palpable et le milieu dans
lequel évolue Anouna angoissant. Ses talents de parfumeuse
à l'odorat très développé donnent
une particularité au roman : les odeurs y occupent en effet
une place très importante. Toutefois cette clé revient
peut-être un peu trop souvent, sans devenir lassante malgré
tout. Un thème cher à Brussolo ressort de nouveau
dans ce roman : la claustrophobie. L'univers dans lequel évolue
en effet les personnages est un univers fermé et étouffant
qui ajoute encore à l'intrigue.